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En décembre, je me suis plaint des dégâts inédits provoqués aussi tardivement sur les choux du potager par une quatrième génération inattendue de chenilles de piéride du chou. Le dérèglement climatique semblant inéluctable, la solution la plus intelligente se trouve dans l’adaptation. Voici ma contribution concrète en ce domaine.
Mangez vos soucis !
Ce titre d’un livre de François Couplan consacré aux fleurs comestibles m’a donné une idée. La FAO, l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, a récemment tiré la sonnette d’alarme. A cause de la croissance de la population mondiale, du manque de nouvelles terres à défricher, de la baisse tendancielle de l’augmentation des rendements agricoles et de la surpêche, une pénurie de protéines animales s’annonce à l’horizon 2050. Les experts de cette organisation recommandent entres autres solutions le recours à une ressource alimentaire encore peu exploitée : les insectes comestibles.
L’équation « chenilles de plus en plus nombreuses sur les choux + pénurie prochaine de protéines animales » peut se résoudre d’une manière élégante en transférant les chenilles du potager dans l’assiette. J’en ai donc ramassé une grosse poignée que j’ai laissé jeûner deux jours pour vider leur intestin avant de les laver puis de les congeler.
Les insectes, une ressource alimentaire variée
Pour commencer, une petite recherche documentaire s’imposait. Un entomologiste de l’Université de Wageningen aux Pays Bas, Yde Jongema, a mis en ligne une liste des insectes comestibles du monde mise à jour régulièrement. La dernière version cite plus de 2300 espèces. La piéride du chou n’y figure pas. Le document signale cependant une consommation de chenilles de Pieris indéterminées au Mexique, et de piéride de la rave, une cousine proche, en Chine.
Le chou n’étant pas une plante toxique pour l’homme, la chenille qui s’en nourrit ne devrait pas l’être non plus. L’expérience ne me semble pas présenter un grand danger. Je sors les chenilles du congélateur et je les laisse décongeler avant de les faire frire à la poêle dans de l’huile d’olive. Cette température élevée me semble une garantie contre d’éventuelles contaminations microbiologiques.
Un goût de cacahuète
La cuisson est très rapide. Quelques minutes suffisent pour obtenir des chenilles dorées et craquantes à souhait. Pour cette première dégustation, je choisis une préparation nature, ne masquant aucun goût des chenilles. Pas de sauce, pas d’épices, pas même de sel. Par le craquant sous la dent, par la texture aérée et par le goût prononcé de cacahuète, ces chenilles frites me rappellent les gâteaux apéritifs soufflés. Voilà une idée originale pour un apéro entomo.
L’expérience s’arrête là, car les chenilles épargnées en décembre et laissées sur les choux ont disparu. Qu’elles aient terminé leur développement et se soient chrysalidées dans les environs, qu’elles aient été détruites par le froid de janvier ou mangées par les oiseaux, le résultat est le même. Je n’ai pas de matière première pour poursuivre mes expériences gustatives. Les chenilles bouillies à la mode africaine, recette du Congo, attendront la prochaine pullulation.
Fiches d’identité : Piéride du chou (Pieris brassicae) et Piéride de la rave (Pieris rapae), Piéridés, Lépidoptères