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Connaissez-vous le navet du diable ? Cette plante grimpante, aux feuilles rugueuses découpées en 5 lobes, atteint 4 m de hauteur. Ses fleurs aux pétales blanc verdâtre à nervures plus foncées s’épanouissent en ce moment. Commune, elle pousse partout dans les friches buissonneuses, les haies et les lisières
Cousine des courges
Ce nom populaire de navet du diable vient de sa racine toxique, qui peut être mortelle. Les botanistes distinguent deux espèces, la bryone dioïque aux fruits rouges et la bryone blanche aux fruits noirs. Ce sont les seules représentantes sauvages de la vaste famille des Cucurbitacées dans notre pays en dehors de la région méditerranéenne.
Les entomologistes trouvent chez les bryones deux exemples caractéristiques de l’étroite dépendance de certains insectes végétariens envers une unique plante nourricière. Ce qui en langage scientifique s’appelle monophagie.
Une coccinelle végétarienne
Sur les feuilles, vous pouvez parfois remarquer des zones plus ou moins étendues qui semblent râpées, devenues translucides. C’est l’œuvre de la larve de la coccinelle de la bryone. Contrairement à la plupart de ses consœurs, elle délaisse pucerons et autres proies animales et préfère brouter. Quand vous avez repéré ces traces, cherchez au revers ou sur les feuilles voisines. Vous ne tarderez pas à trouver la responsable, une larve blanchâtre hérissée d’appendices épineux noirs.
L’adulte est également végétarien, entièrement rouge orangé orné de 11 points noirs sur les élytres. Petit mystère : alors que dans le Midi, où les bryones sont rares, cette coccinelle s’attaque à des Cucurbitacées cultivées au point d’y être nommée coccinelle des melons, ailleurs elle semble strictement confinée aux bryones sauvages.
Une abeille très fidèle
Les fleurs de bryone produisent nectar et pollen en abondance. Elles sont donc visitées par divers insectes floricoles, notamment des syrphes et des abeilles. Parmi celles-ci, la plus fréquente est l’andrène de la bryone, qui se reconnaît aux deux bandes rouges bien visibles à l’avant de son abdomen. Elle ne butine pratiquement que cette fleur.
Alors que les coccinelles de la bryone peuvent se rencontrer de mars à septembre, période de disponibilité des feuilles qui se dessèchent ensuite, l’andrène n’est active que de mai à juillet, période de floraison de la plante. Un seul pied très vigoureux peut entretenir une petite population d’abeilles
Si vous croisez une bryone lors d’une promenade, prenez le temps d’inspecter feuilles et fleurs. Vous pourrez probablement observer l’un ou l’autre de ces insectes. Mais ce n’est pas garanti. Si la coccinelle et l’andrène de la bryone ne peuvent vivre là où la plante est absente, le contraire n’est pas vrai, surtout dans les régions les plus septentrionales.