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A l’occasion d’un séjour en Côte d’Or, j’ai découvert le château de Bussy le Grand, Monument national depuis 1929, qui se niche non loin du site d’Alésia. Le comte Roger de Bussy-Rabutin, cousin de Mme de Sévigné et auteur de « L’histoire amoureuse des Gaules », une sorte de littérature « people » avant l’heure, y a passé de longues années d’exil.
Un petit bijou d’architecture
Le château, mentionné dès le XIIème siècle, a gardé de son passé guerrier des fossés en eau et quatre grosses tours d’enceinte du XVe siècle. Il a été très remanié au XVIIe siècle, avec la construction du logis aux lignes épurées. Ouvert à la visite, il abrite régulièrement des expositions temporaires.
Les jardins à la française qui l’entourent s’inspirent du plan dressé au XVIIIe siècle à l’occasion de travaux importants réalisés par la propriétaire d’alors, tout en conservant certains aménagements effectués au XIXe siècle. Mais c’est aussi un jardin du XXIe siècle, dont la gestion prend en compte la biodiversité. Il est d’ailleurs affilié au réseau des refuges de la Ligue de Protection des Oiseaux.
Biodiversité à tous les étages
Le château est entouré d’un vaste domaine boisé qui lui sert d’écrin, parcouru par des allées tracées au XVIIIe siècle. Il représente une formidable réserve de vie sauvage, des champignons aux oiseaux et mammifères en passant par la flore et les insectes. Il se connecte aux jardins plus policés qui entourent le château par l’intermédiaire de lisières et de prairies entretenues extensivement.
Les jardins regroupent un verger, des potagers décoratifs, des pièces d’eau et des parterres à la française. Les modes d’entretien privilégient systématiquement la biodiversité. Par exemple, les branchages issus des élagages ne sont pas exportés ou détruits, mais entassés en lisière de la zone boisée pour fournir abris et sites de nidification à la petite faune, et nourrir les insectes mangeurs de bois. Les pelouses au centre des parterres du jardin à la française ne sont tondues qu’après la grande floraison du printemps. Les cultures ne connaissent plus aucun traitement chimique, à l’exception des bordures de buis taillées victimes d’une maladie cryptogamique.
Rémi Gaillard et Philippe Schneider, les deux jardiniers du domaine, m’ont ainsi convaincu de visu que le style du jardin ne compte pas pour préserver la biodiversité, seules les pratiques ont une importance. Jusqu’à présent, un jardin naturel ne pouvait être pour moi qu’un fouillis sans forme. J’ai compris lors de cette visite que le jardin le plus géométrique peut être aussi riche de vie, si les besoins et les rythmes des plantes et des animaux sauvages sont respectés.
Des abeilles qui aiment la vie de château
Depuis de nombreuses années, une colonie sauvage d’abeilles mellifères loge dans le mur de la tour Est du château. Le couloir de vol des butineuses étant suffisamment haut pour ne créer aucune nuisance aux promeneurs, elle est acceptée et essaime régulièrement. La nourriture ne manque pas, entre les floraisons du jardin et du verger, de quelques grands tilleuls qui poussent près des douves et des arbres de la zone boisée. Un vrai paradis pour elles, à l’abri des traitements.
Quelques autres cavités qui s’ouvrent dans le mur de cette tour sont aussi occupées, mais les essaims survivent moins longtemps, peut-être à cause d’un volume intérieur insuffisant.