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Le nettoyage de printemps au jardin réserve toujours des surprises. Hier, en déplaçant une vieille porte de garage en bois laissée quelques années dans un coin et envahie de lierre, je suis tombé sur un gros cocon brunâtre.

Le cocon sur la vieille porte
En forme de nasse
Je connais bien ce cocon. D’habitude, je le trouve dans les branches d’un prunellier ou d’une bruyère, sur le tronc d’un arbre. La rencontre n’est pas habituelle, il faut de la patience, ou de la chance. La taille de ce cocon, la soie brunâtre, résistante et rêche et surtout son extrémité effilochée permettent de reconnaître le travail de la chenille du grand paon de nuit.

Zoom sur l’extrémité caractéristique du cocon des paons de nuit
La partie pointue est tronquée, effilochée et semble ouverte. Mais si vous essayez d’y introduire le petit doigt ou une branchette, vous rencontrez une résistance. Un ensemble de fils ténus s’oppose à l’entrée du corps étranger. Quand le cocon est vieux et vide, car sa solidité le fait souvent rester en place plus d’un an, vous pouvez le décoller de son écorce et étudier sa structure.
Une chenille prévoyante
L’arrondi de la poire est libre. Il contient la dépouille de la chrysalide qui a donné naissance au papillon, un petit paon de nuit de la famille des Saturnidés. Le goulot est encombré de fils de soie enchevêtrés qui, accrochés à la base de sa paroi, sont tous dirigés vers le haut pour boucher l’entrée.

Le cocon décollé de son support laisse voir sa structure, et la dépouille de la chrysalide.
C’est un système de nasse inversée. Le papillon juste éclos n’a qu’à pousser de la tête sur ce bouchon pour que le passage s’ouvre. Mais un intrus venant de l’extérieur repousse les fils vers l’intérieur et le passage lui est fermé. Ce système compense l’extrême solidité de la paroi du cocon. Le papillon serait incapable de la déchirer pour en sortir. Aussi la chenille prévoit-elle la sortie au moment de sa confection, sans remettre en cause sa solidité.
La fileuse dans tous ses états
Quand elle sort de l’œuf, la jeune chenille est noire ornée de gros tubercules rouges portant des touffes de poils bruns. Elle s’observe à la fin du printemps sur les pommiers, les poiriers, les frênes, les peupliers, les saules et quelques autres arbres feuillus. Son appétit est grand, et si elle échappe aux oiseaux elle grossit très vite.

Jeune chenille à gauche et chenille au dernier stade à droite du grand paon de nuit
A la fin de son développement, la chenille est métamorphosée. Son corps boudiné est épais comme le pouce et mesure jusqu’à 12 centimètres de longueur chez les plus grands individus. Le noir est remplacé par un vert éclatant, et les tubercules rouges sont devenus bleus et portent de longs poils noirs. Par sa taille, sa forme et ses couleurs, impossible de confondre la chenille du grand paon de nuit avec celle d’une autre espèce.
Fiche d’identité : Grand paon de nuit (Saturnia pyri), Lépidoptère Saturnidé