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Alisier torminal, Araschnia levana, Carte géographique, Cétoine dorée, Cetonia aurata, Hemaris fusciformis, Sorbus torminalis, Sphinx gazé
Cela fait plus de deux mois et demi que je n’ai pas alimenté ce blog. La raison ? Je m’étais promis de ne me remettre au clavier que pour écrire un papier positif et optimiste. Et ce n’est qu’il y a quelques jours que ma rencontre avec un alisier torminal en fleurs m’a donné la matière nécessaire pour cet article. Enfin une abondance d’insectes, petite oasis dans un triste désert !
Souverain contre la colique
Ce petit arbre disséminé dans les haies et les bois se reconnaît à son beau feuillage qui l’a fait beaucoup cultiver autrefois dans les parcs. Les feuilles, aussi larges que longues, sont divisées en cinq à neuf lobes plus ou moins profondément divisés. Les fleurs blanches sont rassemblées en ombelles, véritables pistes d’atterrissage pour de nombreux insectes.
Ses petits fruits brun mat, mûrs au début de l’automne, sont rassemblés en grappe au bout de longues queues. Comestibles, leur saveur acidulée peu agréable disparaît quand ils sont blets. Autrefois, ils étaient utilisés pour fabriquer une eau de vie appréciée ou comme remède contre la colique. Les oiseaux en sont friands et ils disparaissent vite de l’arbre quand ils sont mûrs.
Une symphonie de reflets rutilants
Fleurissant en mai dans ma région, l’alisier torminal est noyé dans la masse des arbres et arbustes en fleurs en cette saison. Mon attention a été attirée non par les fleurs elles-mêmes mais par les reflets mordorés de nombreuses cétoines venant les brouter. Sur les fleurs à hauteur de mes yeux, j’en ai compté près d’une trentaine, la plupart en train de se nourrir, quelques unes accouplées.
Cette espèce très commune est remarquable par ses coloris somptueux à reflets métalliques. La plupart des individus sont verts avec des reflets dorés plus ou moins accentués, d’où le nom de l’espèce. Mais certains se parent de rouge, de pourpre ou prennent l’aspect du bronze poli. Les livres indiquent que de rares individus peuvent être bleus, voire noirs, mais je n’en ai jamais rencontré.
Un aimant à butineur
Alors que malheureusement la plupart des autres fleurs disponibles en lisière du bois restaient désespérément vides d’insectes, cet alisier, seul de son espèce sur plus de deux cents mètres de lisière, avait attiré les cétoines en grand nombre. Une ombelle sur deux au moins était occupée par un ou plusieurs individus. Mais durant les quelques minutes où je suis resté pour prendre des photos, deux autres butineurs peu fréquents, sans compter les mouches, sont venu visiter les fleurs : un sphinx gazé et une carte géographique.
Comme son cousin beaucoup plus fréquent le moro-sphinx, le sphinx gazé vole sur place sans se poser pour butiner, déroulant sa longue trompe pour pomper le nectar. Son pelage jaune barré d’une bande pourpre le distingue du moro-sphinx, gris-brun avec l’abdomen bordé de noir et blanc.
La carte géographique, cantonnée dans l’est de la France il y a encore un siècle, a aujourd’hui colonisé toutes les régions de l’ouest. La génération de printemps à dominante orange, ici photographiée, est très différente de la génération d’été, à dominante noire.
Carte d’identité : Alisier torminal (Sorbus torminalis) Rosacé ; Cétoine dorée (Cetonia aurata) Coléoptère Cétoniidé ; Sphinx gazé (Hemaris fusciformis) Lépidoptère Sphingidé ; Carte géographique (Araschnia levana) Lépidoptère Nymphalidé.
jean louis Fourés a dit:
Merci Vincent. Quel plaisir de lire ton article. Je suis d’accord avec toi qu’il faille positiver. Chez nous, dans les Pyrénées, la nature explose de luxuriance. Le chant des oiseaux est impressionnant le matin. On se croirait en Amazonie. Malgré la pluie quasi quotidienne, le chant des grillons nous berce à chaque éclaircie.
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vincentalbouy a dit:
Bonjour Jean-Louis,
La montagne reste un endroit privilégié, où la biodiversité est bien plus riche que dans les plaines. Quelle chance tu as d’en profiter tous les jours !
Cordialement
Vincent
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BERNARD Pierre-Jean a dit:
Bonjour Vincent,
Super, surtout les nouvelles des cétoines. Ici j’en ai vu qu’une seule l’an passé, pourtant mon jardin est mené d’une manière semi-sauvage, avec un composteur et pas de pesticides…Attendons…
Bien cordialement
Pierre-Jean
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vincentalbouy a dit:
Bonjour Pierre-Jean
Les cétoines, où du moins certaines d’entre elles (cétoine dorée, cétoine demi-deuil, cétoine hérissée), restent très communes dans mon coin. Mais je les vois par deux ou trois individus à la fois en général. Dans cet arbre, la concentration d’individus, avec une belle palette de variations chromatiques, était inhabituelle. Plante un alisier torminal dans un coin de ton jardin, peut-être seront-elles attirées plus nombreuses ?
Cordialement
Vincent
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Michel Girond a dit:
Bonjour Vincent,
magnifique! Les cétoines, je les vois souvent sur le lilas. J’ai planté un alisier torminal dans ma haie, j’attend avec impatience sa croissance!
Michel
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vincentalbouy a dit:
Bonjour Michel
Je n’ai pas de lilas dans mon jardin. Je vois les cétoines dorées au printemps dans les roses, sur les fleurs d’aubépine ou d’églantier. En fin d’été, elles viennent ronger les prunes bien mûres, sucrées et juteuses. Mais rien à voir avec la concentration que j’ai observé sur cet alisier torminal.
Cordialement
Vincent
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Alexandre a dit:
Bonjour Vincent,
Quel plaisir de voir « revivre » le blog ! Très bel article !
Finalement, la nature est plus discrète qu’on ne le pense, mais pourtant bien présente.
Egoïstement, je m’émerveille pour un rien ! Comme l’observation (enfin) des hannetons vivants mais ne volant qu’au crépuscule et venant se poser dans mon aubépine, comme les chauve-souris frôlant la surface de ma mare, la naissance des libellules et demoiselles, les premiers papillons (dont la belle-dame migratrice), le retour des hirondelles et des martinets, sans parler de mon coin sauvage, plein d’orties, qui pullule de pucerons… et de coccinelles (européennes, pas que asiatiques)… bref, la nature qui s’est réveillée pour de bon !
Encore merci pour ce bel article… je ne connaissais pas le sphinx gazé ! J’ai encore appris quelque chose… Cordialement !
Alexandre
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vincentalbouy a dit:
Bonjour Alexandre,
Vous avez raison, il faut savoir rester de grands enfants pour continuer à toujours s’émerveiller du fabuleux spectacle de la nature. C’est le meilleur antidote contre la déprime !
Cordialement
Vincent
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Eric a dit:
Bonjour Vincent,
J’attendais avec un peu d’impatience je dois le dire, un nouvel article sur votre blog et, ne voyant rien venir, je finissais par nourrir quelque inquiétude quant à votre état de santé… Heureusement je me trompais !
Je suis, tout comme vous, émerveillé par la multiplicité des formes vivantes; cette fameuse biodiversité qui nous ravit et nous est si chère (on pourrait peut-être même écrire si « chair » si on la considère comme le corps de la vie…).
J’observe et étudie modestement les insectes autour de la maison depuis 7 ans maintenant, un domaine que vous connaissez bien. J’ai répertorié près de 200 espèces !
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vincentalbouy a dit:
Bonjour Éric,
Je suis bien loin de ma prime jeunesse, mais observer la nature, sa diversité, sa vitalité reste pour moi le même émerveillement que lorsque j’étais gamin, sans cesse renouvelé.
Je n’ai jamais pris le temps de compter les espèces d’insectes que j’ai observé autour de chez moi, mais ça doit être de l’ordre de quelques centaines (j’ai de l’avance sur vous, j’ai commencé il y a trente ans). Comme plusieurs milliers sont possibles, j’ai encore une bonne marge pour des découvertes et de belles surprises. Je vous en souhaite autant de votre côté.
Cordialement
Vincent
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afrenchgarden a dit:
Je n’ai jamais vu cela pousser près de nous, mais il y a d’autres fleurs blanches que je pourrais confondre à distance. Je vais le chercher maintenant. Amelia
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vincentalbouy a dit:
Bonjour Amelia,
C’est un arbre rare chez nous. Sur ma commune, j’en ai repéré quatre exemplaires seulement, mais je ne l’ai jamais recherché systématiquement. À chaque fois, il se trouvait soit dans une haie, soit en lisière d’un bois, jamais en isolé ou en sous-bois.
Bonnes recherches !
Cordialement
Vincent
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Agatheb2k a dit:
😉 Comme j’en voudrais un ! J’ai déjà croisé un jeune chêne aux hannetons !
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vincentalbouy a dit:
Bonjour Agathe,
L’alisier torminal se trouve assez facilement dans le commerce. Allez voir sur ce lien :
https://www.pepinieres-naudet.com/boutique/feuillus-forestiers/7-alisier-torminal-sorbus-torminalis.html
Mais pour que la plantation réussisse, il faut que votre sol comme votre climat convienne à l’espèce.
Cordialement
Vincent
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saubion a dit:
Un aussi grand nombre de cétoines est effectivement exceptionnel. L’alisier torminal ferait partie de ses mets préférés ? il tire un bénéfice particulier de la texture de ses fleurs ?
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vincentalbouy a dit:
Bonnes questions. Manifestement, il a un petit plus sur les autres fleurs disponibles au même moment, mais lequel ? Les fleurs sont très odorantes, d’un parfum très agréable pour le nez humain, peut-être est-ce cela qui l’enivre ?
Cordialement
Vincent
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